trop grand
trop petit
trop gros
trop maigre
ou rien du tout.
rire ou
larmes
haineux
amoureux
des inconnus avec des gueules
passées
à la limaille de plomb
des soudards qui parcourent
des rues en ruines
qui agitent des bouteilles
et qui, baïonnette au canon, violent
des vierges
ou un vieux type dans une pièce misérable
avec une photographie de M.Monroe.
il y a dans ce monde une solitude si grande
que vous pouvez la prendre
à bras le corps.
des gens claqués
mutilés
aussi bien par l’amour que par son manque.
des gens qui justement ne s’aiment
pas les uns les autres
les uns sur les autres.
les riches n’aiment pas les riches
les pauvres n’aiment pas les pauvres.
nous crevons tous de peur.
notre système éducatif nous enseigne
que nous pouvons tous être
de gros cons de gagneurs.
mais il ne nous apprend rien
sur les caniveaux
ou les suicides.
ou la panique d’un individu
souffrant chez lui
seul
insensible
coupé de tout
avec plus personne pour lui parler
et qui prend soin d’une plante.
les gens ne s’aiment pas les uns les autres.
les gens ne s’aiment pas les uns les autres.
les gens ne s’aiment pas les uns les autres.
et je suppose que ça ne changera jamais
mais à la vérité je ne leur ai pas demandé
des fois j’y
songe.
le blé lèvera
un nuage chassera l’autre
et le tueur égorgera l’enfant
comme s’il mordait dans un ice cream.
trop grand
trop petit
trop gros
trop maigre
ou rien du tout.
davantage de haine que d’amour.
les gens ne s’aiment pas les uns les autres.
peut-être que, s’ils s’aimaient,
notre fin ne serait pas si triste ?
entre-temps je préfère regarder les jeunes
filles en fleurs
fleurs de chance.
il doit y avoir une solution.
sûrement il doit y avoir une solution à
laquelle nous n’avons pas encore songé.
pourquoi ai-je un cerveau ?
il pleure
il exige
il demande s’il y a une chance.
il ne veut pas s’entendre dire :
“non.”
Charles Bukowski, L’amour est un chien de l’enfer, 1977, Editions Grasset, Trad. G.Guéguan.
[La fonction du livre est] de nous secouer et de nous éveiller, et de nous coller de force la face contre la réalité de l’homme et la réalité du monde. Hyvernaud.
Si j'étais riche, je sais bien ce que je ferais : j'achèterais la fôret de Compiègne, je ferais bâtir un mur autour, et alors je pourrais enfin pisser tranquille. Rudigoz.
On devrait prendre l’habitude de promener les nouveau-nés dans les allées des cimetières pour les habituer très tôt à leur véritable avenir. Sternberg.
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