Ces quelques citations de Paul Léautaud sont tirées d’une biographie de Martine Sagaert (« Paul Léautaud », Editions Le Castor Astral, collection Millésimes, 273 pages). Une biographie très intéressante et vivante qui fait la part belle aux extraits de son journal littéraire. On y apprend entre autres : l’amour qu’il portait aux animaux (plus son amour grandissait pour les animaux, plus sa misanthropie augmentait), ses nombreuses conquêtes féminines, son goût pour l’ « urologie », son intransigeance, et que le seul prix qu’il obtint fut celui attribuait par la SPA pour sa défense des animaux…
« Qu’est-ce qu’un écrivain ? c’est peut-être le plus artificiel des hommes, celui qui n’éprouve, n’entend, ne voit rien qu’il ne songe aussitôt à le transporter dans un livre, à l’utiliser littérairement. »
(Journal littéraire, 11 février 1906, t.1, p.267)
« L’amour, c’est le physique, c’est l’attrait charnel, c’est le plaisir reçu et donné, c’est la jouissance réciproque, c’est la réunion de deux êtres sexuellement faits l’un pour l’autre. Le reste, les hyperboles, les soupirs, les « élans de l’âme » sont des plaisanteries, des propos pour les niais, des rêveries de beaux esprits impuissants. La passion, c’est le feu que met en nous ce plaisir. »
(Amour, éd. Spirale, 1974, p.7)
« Etre curieux ? Ne blâmez pas ! C’est une qualité. […] Il faut être curieux le plus possible. Se mêler de ce qui ne vous regarde pas, écouter aux portes, regarder aux fenêtres pour voir ce qui se passe chez les gens, suivre d’autres dans la rue pour écouter ce qu’ils disent, lire les lettres qui trainent […], épier, écouter, regarder, fouiller, surprendre, découvrir, avec l’air de l’homme le plus indifférent […]. Les gens qui ne sont pas curieux sont des sots. La curiosité, c’est le besoin de savoir. Celui qui n’est pas curieux n’apprendra jamais rien. »
(Passe-temps, p.215-216)
« Un souffle. Une caisse. Un peu de musique d’église. Un trou. Un peu de terre par-dessus. Et bonsoir. »
(Journal littéraire, t.2, p.881)
« Il a même eu une place dans le caveau d’autrui, ce qui est la perfection du parasitisme. »
(Journal littéraire, t.2, p.1351)
« Ici gît Paul Léautaud
Plus connu : Maurice Boissard.
Il écrivait et parlait sans fard,
Immolant tout à un bon mot.
Quand on l’enterra : « C’est bien tôt ! »
Dirent quelques-uns, mais, à part,
Beaucoup pensèrent : « C’est bien tard. » »
(Journal littéraire, t.1, p.1750)
« Qu’est–ce, un chat, un chien morts, qu’on enfouit ? Mais qu’est-ce, un homme mort, qu’on enterre ? […] Rien de plus, ni rien de moins. »
(Journal littéraire, t.2, p.907-908)
« La guenon sur le radiateur, la chienne Miss sur son divan, avec deux ou trois chats couchés sur elle, le chien Toto couché au pied de mon lit, trois ou quatre chats couchés avec moi, dans le lit, un ou deux autres dessus, la chienne Barbette, dans mon cabinet à côté […]. Si des gens voyaient cela, ils diraient, et Marie Dormoy la première : « Si c’est possible de vivre ainsi ! ». Mais c’est charmant ! C’est délicieux, c’est un ravissement incessant : l’accord des chats et des chiens, les mines de la guenon suivant les évolutions des uns et des autres, leur parlant avec ses petits cris, accueillant un chat ou un autre à côté d’elle sur son radiateur. »
(Journal littéraire, t.3, p.263)
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