Copenhague Le Lundi 29 mars 1948,
«[…] Rien à faire avec les éditeurs. Ce sont des commerçants. C’est tout dire. Leur devoir est nous tondre à rien. Les journalistes de nous couvrir de merde. La couverture de fleurs horripile le lecteur. La couverture de merde le fait jouir au sang. Méchanceté est Reine. Haine déesse – Pour ça que ça m’excède qu’on parle ou écrive de moi n’importe où en bien ou en mal. C’est tout kif. Ces réactions sont toujours ignobles et désastreuses. Je préfère qu’on me considère comme mort. C’est déjà beau comme mort d’être moins haï des vivants. Une amie m’écrit que dans «Ici Paris» on a fait passer un écho où je suis paraît-il particulièrement sadique ! «d’après des lettres écrites par moi à des amis» !!! Je ne sais rien de cette saloperie. Moi sadique ? Moi qui me traîne depuis des années dans l’angoisse et la misère et l’ennui et la maladie. Moi dont toute la passion est d’arracher des ¼ de sommeil grâce au véronal… Qui m’en suis toujours tant foutu des turlupinades du sexe ! me voilà sadique ! pas plus qu’alcoolique hélas ! Tous les oublis et griseries me sont bien refusés. Vieux buveur d’eau, vieil emmerdé, naturellement chaste j’ai toujours décrit toutes espèces de dévergonderies pour voir s’en esbaudir les singes humains que je méprise tant ! Comme ils mouillent bichent y croyent les sapajous ! En font-ils des pataquès avec 3 misérables secondes de reproduction ! Comédies et drames et bites partout ! L’immense rigolade ! […]»
Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Albert Paraz, 1947-1957, Nouvelle édition, p.80-81, ©Gallimard 2009.
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