dimanche 23 décembre 2018

samedi 22 décembre 2018

Cette Mort Dont Je Parlais - Frédéric Dard


Pour les curieux... qualité VHS pourrie...
04:25 à 05:43 : sur le temps qui passe, et il a la vie dure le salaud...
06:50 à 09:40 : sur les premières bandaisons, les cons...
11:45 à 15:36 : sur Louis-Ferdinand Céline, Albert Cohen, les écrivains...
bref ! à voir en entier...

dimanche 16 décembre 2018

Petite liste à Papa Noël... (suite & fin)

(c)Reiser
La sélection officielle un peu éloignée de la liste originale...


Vacances - Marc Bernard (avant de lire les autres chez Finitude!)

Travaux - Georges Navel

Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir - Cookie Mueller

Vagabonds de la vie – Jim Tully

Piotrus - Leo Lipski

L'Aveuglement - Jose Saramago

Mon suicide - Henri Roorda (avant de lire "Les Saisons Indisciplinées")

Mars – Fritz Zorn


L'Hôtel du Nord - Eugène Dabit

Requiem des innocents - Louis Calaferte

Tout s'effondre - Chinua Achebe

Maîtres anciens - Thomas Bernhard

Comme un écho errant - Jean Meckert

Le Clavier Cannibale: L'amour du risque (mais pas du livre)

Le Clavier Cannibale: L'amour du risque (mais pas du livre): Enfin des bonnes nouvelles du côté de l'édition! Le rachat de La Martinière/Le Seuil par le groupe Média Participations va permettre ...

Arrrgh l'amour du fric...
Encore une bonne nouvelle pour le livre !!! :-(

jeudi 13 décembre 2018

Rien de scandaleux...

10 avril 1923.
"Il y avait là Hirsch en conversation sur des histoires de pédérastie. Il racontait notamment qu'un jour il avait entendu Oscar Wilde dire de très belles choses sur l'amour des hommes entre eux, évoquant la Grèce, disant de très belles choses enfin, à en croire Hirsch. Le soir, Hirsch avec un ami passe boulevard Saint-Germain et qui voit-il, à la terrasse d'un café : Wilde assis et tenant par la taille un caporal d'infanterie de marine. « Nous avons été scandalisés », ajoute Hirsch. La niaiserie de ce mot m'a agacé. « Qu'est-ce que vous trouvez là de scandaleux, lui ai-je demandé. Qu'est-ce que vous pouvez trouver de scandaleux à ce qu'un homme couche avec un autre homme. Dites que cela est répu­gnant, dégoûtant, si vous voulez. Scandaleux ! Tout est possible dans les affaires sexuelles. Je n'ai certes aucun goût pour la pédérastie masculine, mais quant à trouver cela scandaleux, non. Songez qu'il y a des femmes qui trouvent scandaleux qu'on puisse faire une certaine caresse à un homme, qu'il y a des gens qui trouvent scandaleux qu'on puisse faire minette à une femme, qu'il y a des femmes qui se trouveraient presque désho­norées si elles touchaient la verge de leur mari ou la regardaient. Tout cela est de la morale la plus bête. Il n'y a rien dans tout cela de scandaleux. Les gens prennent leur plaisir d'une façon, les autres d'une autre. Dites que vous ne partagez pas ces goûts, voilà tout. Scandaleux ! Il n’y a jamais rien de scandaleux dans ce domaine, pas plus que dans un aucun autre, je crois bien."

Paul LéautaudJournal littéraire, Mercure de France.

Rien d'étonnant, ni de scandaleux pour quelqu'un qui pratiquait l'urophilie...

mardi 11 décembre 2018

L’automobile... c’est le vertige...

Octave Mirbeau
Le départ
Avis au lecteur

Voici donc le Journal de ce voyage en automobile à travers un peu de la France, de la Belgique, de la Hollande, de l’Allemagne, et, surtout, à travers un peu de moi-même.
  Est-ce bien un journal? Est-ce même un voyage?
 N’est-ce pas plutôt des rêves, des rêveries, des souvenirs, des impressions, des récits, qui, le plus souvent, n’ont aucun rapport, aucun lien visible avec les pays visités, et que font naître ou renaître en moi, tout simplement, une figure rencontrée, un paysage entrevu, une voix que j’ai cru entendre chanter ou pleurer dans le vent?
  Mais est-il certain que j’aie réellement entendu cette voix, que cette figure, qui me rappela tant de choses joyeuses ou mélancoliques, je l’aie vraiment rencontrée quelque part; et que j’aie vu, ici ou là, de mes yeux vu, ce paysage, à qui je dois telles pages d’un si brusque lyrisme, et qui, tout à coup — par suite de quelles associations d’idées? —, me fit songer au botanisme académique de M. André Theuriet ?
  Il y a des moments où, le plus sérieusement du monde, je me demande quelle est, en tout ceci, la part du rêve, et quelle, la part de la réalité. Je n’en sais rien. L’automobile a cela d’affolant qu’on n’en sait rien, qu’on n’en peut rien savoir. L’automobile, c’est le caprice, la fantaisie, l’incohérence, l’oubli de tout… On part pour Bordeaux et — comment?… pourquoi? — le soir, on est à Lille. D’ailleurs, Lille ou Bordeaux, Florence ou Berlin, Buda-Pesth ou Madrid, Montpellier ou Pontarlier…, qu’est-ce que cela fait?… 
  L’automobile, c’est aussi la déformation de la vitesse, le continuel rebondissement sur soi-même, c’est le vertige.
  Quand, après une course de douze heures, on descend de l’auto, on est comme le malade tombé en syncope et qui, lentement, reprend contact avec le monde extérieur. Les objets vous paraissent encore animés d’étranges grimaces et de mouvements désordonnés… Ce n’est que peu à peu qu’ils reprennent leur forme, leur place, leur équilibre. Vos oreilles bourdonnent, comme envahies par des milliers d’insectes aux élytres sonores. Il semble que vos paupières se lèvent avec effort sur la vie, comme un rideau de théâtre sur la scène qui s’illumine… Que s’est-il donc passé?… On n’a que le souvenir, ou plutôt la sensation très vague, d’avoir traversé des espaces vides, des blancheurs infinies, où dansaient, se tordaient des multitudes de petites langues de feu… Il faut se secouer, se tâter, taper du pied sur le sol, pour s’apercevoir que votre talon pose sur quelque chose de dur, de solide, et qu’il y a autour de vous, devant vous, des maisons, des boutiques, des gens qui passent, qui parlent, qui s’empressent… On ne se ressaisit bien que le soir, tard, après dîner. Encore vous reste-t-il une sorte d’agitation nerveuse qui décuplera et grossira vos rêves de la nuit.
  —Alors, me direz-vous, c’est le journal d’un malade, d’un fou, que vous allez nous donner?
 Hélas!…, cher monsieur Thureau-Dangin, quel homme — même parmi ceux qui ont le moins de génie — peut se vanter de n’être ni fou, ni malade?

Octave Mirbeau, La 628-E8, 1907.

André Theuriet (1833-1907), écrivain prolifique et soporifique, d’inspiration académique, auteur de recueils poétiques et de romans, où il évoque surtout la vie de province. Botaniste amateur, il manifeste pour la nature un amour que Mirbeau juge superficiel. Paul Thureau-Dangin (1837-1913), historien catholique et orléaniste, élu en 1893 à l’Académie française contre Zola, fut l’auteur d’une monumentale Histoire de la monarchie de Juillet. cf Pierre Michel.

dimanche 9 décembre 2018

Hubert Selby Jr, 2 ou 3 choses...


Hubert Selby Jr, 2 ou 3 choses, Trailer, Ludovic Cantais.
Documentaire réalisé en Septembre 1998 à Los Angeles.
Dernière diffusion le 7 aout 2013 sur ARTE.

vendredi 7 décembre 2018

LETTRE D’AMOUR AUX CAMÉS

Salut les cons, les voyous, les roadies, et les blues jeans Renoma : je suis de passage et j’ai deux ou trois trucs à vous dire, comme ça. De quoi je me mêle ? De vous tous et de milliers d’autres. Une gueule est faite pour parler et une machine pour taper, et un être humain pour - comme disait le plus grand planeur de tous les temps - «aimer son prochain». Voilà. Le shérif est en ville, et il va tirer. Et rien à foutre. Et un peu partout. Salut les reines des restes : restes de vous - même avec vos bébés nés en manque car vous étiez trop lâches pour avouer au toubib que vous étiez toxicos enceintes. Le môme pleure dans le coin, le linge sale et le ventre vide : pas de Nesquik pour lui, pas assez de blé. Juste assez pour que maman achète sa poudre. Juste assez pour qu’elle baise n’importe qui, n’importe comment pour avoir de quoi retrouver son dealer, sous une porte cochère. Vite. Vite. Il neige sur Paris… pied ! Rare ! Rien à en foutre, on veut de la neige dans nos veines. On espère qu’entre-temps le même n’a pas renversé ce qui traînait de Mari sur le canapé sale, à côté du dernier Mandrax. Fixette. Vite. Aiguille sale ? Hépatite ? Rien à foutre. San Sebastian de la Blanche, c’est pas notre faute. La société nous a fait comme ça. Mon vieux est un con. Maman n’a rien compris. Leila m’a laissé pour une autre. Tralala là et chiale, chiale. Chier, faites chier. Tous. Salut mes loulous, mes rouleurs de mes deux, kamikaze de la Harley, mes bras restent. C’est bien ? Tu es cool. Cool. Je sais. Si cool que tu peux plus réchauffer les pieds de ta bonne femme. Ecroulés côte à côte - hmmm, hmmm, pied - et si on essayait de baiser ? Blff.

Tellement mieux le flash, tellement mieux. Sales cons minables, vous osez vous défoncer en écoutant Dylan et Lay, Lady Lay. Vous êtes obscènes. Lui, il a ses emmerdes aussi, il doit vivre avec son génie - chose jamais facile, demande à Baudelaire, demande à Garrel, demande à Romain Gary et demande à Eustache - avec ses problèmes conjugaux. Et il bosse, le mec. Il est sur pied tous les jours, pour chanter Hurricane Carter pour vous. Vous êtes obscènes. (Putain, elle nous emmerde, mettons sa lettre dans les chiottes. Rien à foutre. Elle est vraiment trop square). D’accord, j’ai rien dit. Mais j’ai quand même envie de causer encore. Vous me casseriez la gueule ? Essaie donc : Pierrot mon Loulou élu viendra te saluer. Certains amis au teint basané me trouvent assez sympathique. Vous vous défoncez avec Sonny Criss ? Je vous l’interdis.

Interdis. C’était mon copain, et il essayait avec moi de vous décrocher. Et il jouait presque aussi bien que Yardbird Parker qui, sur son lit de mort, suppliait les jeunes musiciens de le croire quand il disait que son génie ne venait pas du cheval. Ça venait de son génie et de ses efforts au-delà du possible. Point c’est tout. Il travaillait. Ça s’apprend le sax. Tu te shootes avec Miles ? Ça se travaille la trompette. Des heures et des années chaque jour. Paul Desmond vous branche ? Moi aussi. Il fumait même pas les joints (à propos, puisque vous êtes tous si together, savez-vous qu’il vient de mourir avant la cinquantaine… de cancer ?). Et il est sublime Mick Jagger. Et Keith peut-être plus. Et ils se donnent à ne plus en finir pour vous. Et gracias, de nada, vous restez contre le mur avec le garrot, trop défoncé pour l’enlever.

Et Bobby Marley ? Qui ne l’aime pas ? Et il fait de la musique et de la politique, et il risque sa vie. Sniffette, sniffette. Et n’écoutez plus, je vous en prie, mon ami Memphis Slim. On est cool, huh ? (Elle peut pas la fermer celle-là. Pour qui elle se prend ? Pour une girl-scout ?). Et Hakim Jamal ?, cousin de Malcom X, ex-toxico, taulard, Muslim noir, plus bel homme qui a jamais marché sur la terre : il est mort mon Jamal - huit balles dans le ventre. Trois junkies revenus du Vietnam l’ont fait. Vietnam. OK (circonstance atténuante), mais vous m’avez tué Jamal. Oh, t’en fais pas, je fais pas du racisme à l’envers. J’ai connu des salauds et des minables, des crados et des paresseux de toutes les couleurs.

Bon, basta. J’arrête. Je fume une sèche, je bois une bière. Et je plane. Avec Count Basie, The Count. Je vais prendre un bain et mettre des pétales de rose dedans. Je la boucle, vous me fatiguez trop. Juste, une dernière chose, les copains, André Malraux, connais ? Moi, si. Assez bien. Et de toute sa vie, il a fumé trois boulettes d’opium, juste pour décrire le vieux Gisors. Trois. OK ? Salut les vauriens. Bacci. The Count joue Two for the blues et ça plane sec ! Navré pour la sèche, Madame Weil… Personne n’est parfait, n’est-ce pas ?

Quinze minutes.

Me revoilà ! Caftan, encens, parfum. The Count joue Jump for Johnny et je laisse tranquille mes camés avec leur overdose : qu’ils crèvent dans leurs vomis. […] Et je m’adresse maintenant aux poulets. Calmement. Je sais que vous faites un métier aliénant. Je sais que vous en avez marre. Mais ce n’est pas une raison pour terroriser Garrel et sa belle dame et tous les autres. […] Ne frappez plus mes potes qui essaient douloureusement de sortir de leur désespoir. Tenez-vous bien, je vous en prie. Vous savez mieux que moi où est la came, vous savez qui la fabrique, d’où elle vient, et qui en profite. Soyez des gardiens de la paix : DE LA PAIX. C’est noble. […] Bref, n’oubliez pas votre premier catéchisme. «Aime ton prochain comme toi-même !» Donc tenue et calme et aimez-vous les uns les autres. Chacun de nous chante ses blues. Merci.

PS : Je sais que je vais trop loin, mais je n’aime pas à oublier cette phrase d’André Malraux : «Faire connaître aux hommes la grandeur qu’ils ignorent en eux.» Salut.

Jean Seberg, courrier adressé au journal Libération en février 1978 et (re)publié le 10 septembre 1979.

Source
Jean Seberg

mercredi 5 décembre 2018

Les coups - Jean Meckert

En ces temps de fronde, de condescendance politico-bourgeoise, de #BalanceTonPorc et autre #MeToo, je me permets d’exhumer de ma bibliothèque ce livre de Jean Meckert : Les coups. Il figure en bonne place dans mon Top 100... Une certaine cohérence dans mes lectures passées/présentes/futures…
Un écrivain quelque peu oublié (même par moi) qui deviendra un des piliers de la Série Noire sous le nom de Jean Amila.

Aux abords des années 30, Félix est un petit gars, manoeuvre de son état dans un atelier de mécanique, pas bien fute-fute, peu d’éducation, des difficultés pour s’exprimer, pour trouver ses mots…
“Bientôt l’hiver est venu, la vache, pas tellement en froidure mais en morte-saison. On se demandait toujours si Parmain la prendrait sa fameuse décision énergique de foutre la moitié du monde en chômage pendant que les voitures ne sortent pas.
On vivait des accidents. A nous les pare-chocs maladifs, les caisses défoncées, les ailes gondoleuses, les marchepieds emboutis, les capotes déchirées ! A nous le verglas et les dérapages ! Un bon point aux apprentis ! Un triple ban aux défonceurs de becs de gaz ! Une tournée générale aux chauffeurs de taxis ! Tant qu’il y avait de la case, il y avait de la vie.”
Son désarroi gonfle d’être incompris ou de mal comprendre...
“Je me trompe peut-être, mais je n’aime pas les gens qui causent. Tout comme la mode est faite pour les gens qui n’ont pas de goût, la causette c’est le paravent de ceux qui n’ont rien dans le ventre, c’est la grande recherche de l’impasse qu’on baptise infini, c’est la grande tromperie civilisée, ce qu’on aperçoit du dehors, du monté à graines, du loupé.”
Là, Félix rencontre Paulette, malheureuse et mariée…
Paulette quittera son mari pour lui…
“Nous deux, c'était tout, et puis merde pour tout le monde.”
Félix rencontrera sa belle-famille, modeste, mais qui a des velléités de petite bourgeoisie...
“À la fin, il accaparait tout, Henri, un bavard fini. Seulement il en avait vite fait le tour de ce qu’il connaissait. Il reprenait toujours d’autres mots et d’autres variantes, comme s’il était absolument indispensable de ne pas laisser une seconde sans paroles. Moi je m’emmerdais. Je lui faisais des signes discrets, à Paulette, elle ne voyait rien, elle était dans son élément. Elle faisait du charme, assise sur le bord d’un fauteuil, elle parlait aussi sans bafouillis, les phrases lui venaient, coulantes et faciles… Ça m’impressionnait.”
Une belle-famille qui se moquera de lui, de son “handicap” de ne pas savoir mettre de mot sur ses goûts, sur ses idées, sur son mal de vivre, de son problème à communiquer (comme, il me semble,  au début de “Martin Eden” de Jack London). Sa belle-famille, elle, a les bons mots, les mots justes, mais ils sonnent creux…
“Ils passaient leur vie à ne rien dire, mais bon Dieu ils le disaient bien.“
Alors, lors de conflit, Félix va cogner Paulette au bout du désespoir, il va la frapper car le dialogue ne suffit plus, il n’a plus que ça pour se faire comprendre !…
Quand le trop peu de mot ne suffit plus… quand on ne sait plus quoi dire… quand les coups remplacent le langage…
Comment en est-il arrivé à battre sa femme ? Comment est-il passé d'un amour romantique aux coups ?...
"On s'aimait, on le sentait bien, mais il y avait l'amour-propre, ce chiendent, qui faisait sa grande offensive."
Ce premier livre, publié en 1941/42, acclamé par André Gide, Raymond Queneau et Roger Martin du Gard, est sûrement son chef-d'oeuvre.
“On était assis confortablement dans les petits fauteuils rouges. Ce qui gênait c’était plutôt la chaleur, l’obscure et forte, exténuante, qui foutait la sueur au front et aux fesses. Tous en choeur au petit ciné, on macérait, on se dégraissait sur la chemise, dans des rivières de dessous de bras. Sueur, fumée, mélange scientifique, délébile, l’absolu du parfum, le plus robuste, le repousse-mites, on communiait là-dedans, frères baptistes de passage.”
Dans une langue populaire, “populiste”, qui ne manque pas de poésie, au plus près de son “héros”, en adéquation avec son sujet (comme pouvait l’être la langue dans "Des fleurs pour Algernon" de Daniel Keyes par exemple), et dans une langue, disons-le, très célinienne (voire ajarienne (Emile), mais 40 ans avant), Meckert décortique son sujet de prédilection : l’incommunicabilité entre les êtres.
“Il y avait un peu de paresse dans mon cas : je laissais tomber. Tout le drame avec Paulette ça vient peut-être de là, que je lui ai laissé croire à mon vide, que je n’ai jamais eu le courage d’affronter le ridicule de ma pensée toute nue, sans passer par les clichés aux autres…. J’ai peut-être eu tort de toujours vouloir éteindre la lumière.”
Par le truchement de Félix, Meckert dénonce la condition sociale, les relations conflictuelles au travail, l'ambition écrasée par l'absence d'ascension sociale, les bonheurs au rabais...
“– Dis, mon chéri ! T’aimes mieux lui, ou l’autre ? Et qu’est-ce que tu penses de cette petite-ci ? Et de ce grand-là ?...
Graves discussions de plain-pied, sans douleurs, sans effort. Du vrai travail sans filet. Ça aidait à vivre, au fond. C’est rien que ça, la vie, des riens dont se fait un monde.”
Il fustige également la petit bourgeoisie et les faux semblants...
“– Concessions au public... Italianismes... Vulgarités..., me renseignait Paulette, très sûre d'elle.
 – Pardon, pardon ! répliquait Auguste qui admirait solidement... Musique populaire !... Inspiration mélodique !... Succès certain !... Trois mille représentations !...
On sentait nettement qu'ils avaient lu des notices différentes. C'étaient leurs opinions ! Ils se seraient fait hacher sur place pour défendre" leurs" idées !”
Bref, ce n'est en aucun cas un roman Harlequin ! ;-)

Jean Meckert, Les coups, Editions Gallimard/Folio.
Jean Meckert (c)R.Parry

lundi 3 décembre 2018

Rencontre entre l'Est et l'Ouest... (au milieu des années 80)

Sergueï Dovlatov (Est) & Kurt Vonnegut (Ouest)

Kurt Vonnegut écrivait à Dovlatov : « Je vous aime aussi, mais vous avez brisé mon cœur. Je suis né dans ce pays, je l’avais servi sans peur pendant la guerre, mais je n’ai pas réussi à vendre un seul de mes récits au New Yorker. Et maintenant vous arrivez et – bang – vos récits y sont publiés… J’attends beaucoup de vous et de votre travail. Vous avez du talent que vous êtes prêts à donner à ce pays cinglé. Nous sommes heureux que vous soyez ici ». Source

samedi 1 décembre 2018

Meiko Kaji - Flower of Carnage (Shura No Hana, 1973) #2


Sublime chanson... Sublime voix tout simplement...
Utilisée dans la BO de "Kill Bill"...
Et je crois aussi dans "Lady Snowblood"...