12 novembre 1961
La Barbiche, mon patron, n’a plus qu’un désir, me voir venir au boulot toute la journée. Il me tourne autour, c’est fou ! On dirait que je lui vole quelque chose ou que je le fais cocu. Je reconnais bien là cette sale mentalité patronale : avoir des esclaves complets, posséder le nègre jusqu’au trognon, lier la chèvre le plus court possible à son piquet, traire la cache jusqu’au sang, peler le mouton. S’ils pouvaient, ils nous feraient coucher au pied des machines. Ils ont déjà réussi à minuter le temps de pipi-caca. Ils finiront par nous mettre des compteurs dans la gueule.
28 novembre 1961
Hier, pendant les délibérations du jury Fémina, un mauvais plaisant a lâché des souris dans la salle où se tenaient ces dames. Des bêtes qui affectionnent les restes, c’était vraiment tout indiqué.
Tant qu’on ne s’est pas fait haïr, on n’est sûr de rien.
13 janvier 1962
Les écrivains libres et les boxeurs ont cela de commun qu’ils prennent des coups de poing sur la gueule pour enrichir leurs managers. Seule différence, et de taille, les écrivains deviennent plus forts en vieillissant.
Roger Rudigoz, A tout prix, journal d'un écrivain, Editions Finitude.💖
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